vendredi dernier, je me suis donc rendue à Vincennes.
il faut savoir, que l'on y accède pas comme ça. il faut s'inscrire au préalable pour obtenir une carte de lecteur, puis faire une demande de documents par internet, attendre la cote exacte du dossier qui nous importe...bref, on a à faire à une administration militaire, rigide et bien organisé.
enfin...organisé, pas tant que ça.
je suis arrivée dans la cours impressionnante du château de Vincennes, pleine d'émotion. je m'attendais à trouver le Saint Grâle je ne sais, des choses inédites, des documents révélant des actions, des combats, les circonstances de l'arrestation...bref, de quoi alimenter et mon imaginaire, et mes connaissances.
l'itinéraire c'est d'abord d'obtenir sa carte de lecteur, puis de déposer dans des casiers toutes ses affaires, on a pas le droit d'avoir un porte document avec soi. mais l'appareil photo, l'ordi ou le bloc-note sont autorisés. ensuite, on monte au 2em et la il faut montrer pâte blanche à un planton qui vérifie que vous avez bien commandé vos documents. une place numéroté vous est attribuée, et il faut aller au guichet demander sa boite de documents.
jusque là, j'ai tout fait comme prévu. mais quand on m'a apporté ma boite, elle contenait une pauvre chemise avec un nom inconnu , qui n'était pas celui de mon grand père. en fait 2 chiffres de la cote avaient été permuté. je retourne au guichet. on me fait attendre un peu. et enfin on m'apporte ma boite contenant cette fois le bon dossier de Stanislas OBODA.
le dossier comprend une bonne 30 aine de pages, daté de 1947 à 1969. soit bien après la mort de Stanislas décédé le 21 septembre 1942.
ce dossier est une succession de courriers dont certain sont tamponnés en rouge d'un: "secret confidentiel", correspondances entre ma grand mère Madeleine, la préfecture de Police, le secrétariat d'état à la guerre puis des anciens combattants, et même de la sécurité nationale (ceux qui sont tamponné en rouge). le tout pour homologuer ou non Stanislas comme sous lieutenant FFI ou RIF.
son appartenance au FFI est attesté par des anciens combattants en 1947 et son grade de sous lieutenant homologué. il semblerait que ce soit pour toucher ou non une indemnisation de veuve de guerre. mais en 1952, des courriers et des annotations sur des dossiers d'homologation font état de discordances dans les dates, il ne peut avoir été sous lieutenant des ffi qui n'ont été , officiellement créées qu'après sa mort. une enquête est menée avec en 1953 des relents particulièrement nauséabonds d'anticommunisme primaire, on écrit à la mains en marge de son dossier, qu'il fut arrêté pour des raison politique et non de résistance. ce qui est particulièrement absurde, puis qu'il appartient au mouvement du Front National, organe militaire des communistes de l'époque. (rien à voir avec le FN puant d'aujourd'hui) sachant que le Parti communiste est interdit depuis 1939, et que tout communiste est passible d'arrestation et de mort. plus tard l'enquête rétablira la cohérence en précisant que l'arrestation par les brigades spéciales correspond à une traques en vue d'éliminer un réseau de résistance communiste, dont il fait parti, voire dont il est l'un des membres actifs.
hormis les dates d'arrestation, de mort, il n'y a rien sur la fiche des brigades spéciale, qui a forcément existé , il n'y a rien sur les conditions de détention, il n'y a aucune trace de LUI, sauf une photo, surement fournie par Madeleine. encore que la il s'agisse d'une extrapolation...en fait je ne sais pas.
quand j'étais allée aux archives de la préfecture de Police, je ne connaissais pas encore tout ça, mais les conservateurs avaient été charmants, m'aidant à chercher dans tous les registres possible qu'ils détenaient, mais nous n'avions trouvé aucune trace de Stanislas. ils m'avaient dit que des dossiers avaient été détruits avant la libération expliquant que l'on ne trouve aucune trace parfois.
où chercher maintenant?
j'ai encore , toutefois, à exploiter ces documents, à les décortiquer, les déchiffrer, les faire parler, afin de débusquer peut être d'autres pistes. car des noms de généraux, d'enquêteurs y figurent , peut être des pistes à exploiter?
qui sais?
voilà j'ai encore du pain sur la planche!
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