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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 14:43

demain, 6 juin 2009, j'irai à la commémoration du Mont Valérien, de 14h à 18H . mais en attendant de lire mes impressions du jour j'avais envie de publier ce que j'avais écris à la suite d'une autre visite...



21 septembre 2008

visite du mémorial du Mont Valérien

 

je suis, émue , plus qu’émue, en communion avec eux. Eux les fusillés, lui surtout, cet homme qui fut le mari éphémère de mamie.

 

Mon mari et deux de mes enfants m’accompagne. Il fait un temps magnifique, même si le fond de l’air reste frais. A peine une heure de route et nous sommes à pied d’œuvre. J’avais oublié qu’aujourd’hui justement , c’était la journée du patrimoine, et qu’ainsi, la visite du fort étaient cadrée. Tans mieux, me dis-je, il y aura diversion à mes émotions. Je ne sais pourquoi, mais quand il s’agit de cette histoire là, celle de mon grand père, j’ai du mal à montrer mes larmes. La visite commence par une fouille de nos sacs et un dépôt d’une carte d’identité à l’entrée. Nous allons pénétrer dans une enceinte militaire, il faut montrer patte blanche !

Puis on nous invite à aller visiter la poudrière, un vaste bâtiment de pierre, semi enterrer, dans lequel est retracée l’histoire du fort, et les personnages qui y sont passés, comme cet abbé Franz Stock, figure du fort durant justement la période qui m’intéresse. Je ne peux m’empêcher de penser : « as t il croisé la route de Stanislas ? » et « Stanislas lui as t il parler », « donné un mot pour Mamie ??? ».

Mais cela amène d’autres questionnement : Stanislas était il croyant ? je n’en sais rien. A t il reçut une éducation religieuse ??? je ne sais pas. Et je ne saurais jamais sans doute. Il était communiste, mais ça ne veux rien dire quant à la foi. L’anticléricalisme de l’époque n’est peut être que franco français ? au fond, quelle importance, cet abbé avait l’aire bon, et ne distinguait pas les hommes en fonction de leurs croyances, il acceptait toutes les confidences, en tout cas, c’est ce qui est écrit sur ces panneaux, attaqué par l’humidité.

 

En sortant nous poursuivons la visite en entrant dans le premier mémorial, casemate transformée en crypte, dans laquelle sont disposés en quinconce des bancs de pierre blancs. Le silence est hommage. Je leur dit merci. Même si aucun cercueil n’est plus là. Ma pensée s’unie avec mes martyrs.

 

Sur le mur extérieur sont gravés ces mots « nous sommes ici pour témoigner devant l’histoire que de 1939 à 1945 ses fils ont lutté pour que la France vive libre ». je suis seule , mon mari et les enfants ont avancés et m’attendent un peu plus haut. En les rejoignant j’essuie rapidement les perles salées dont mes yeux débordent.

 

Nous montons un chemin ensoleillé, avec une vue magnifique sur une boucle de la seine, est ce Puteaux en bas ? Puteaux où vivait mamie et Nadia à cette époque. Il est mort si près d’elles ! le chemin nous amène à une part étonnante de l’armée, la colombophilie. Bien que n’ignorant pas les histoires de pigeons voyageurs, je ne m’étais pas représenté l'importance stratégique , à une certaine époque, de ces foutus pigeons ! certain furent même cité pour leur bravoure ! ça fait sourire à l’heure du téléphone cellulaire d’Internet et des satellites….mais avant , comment faisions nous ??? ben, avec des pigeons ! l’expo, même si elle est surprenante, ne me passionne pas totalement, je ne suis venue ici que dans un seul but, voir, toucher la cloche commémorative, voir aussi la clairière des fusillés, mettre mes pas dans ceux des fusillé, m’imprégner de ce qu’ils ont vu pour la dernière fois de leur existence. Alors on ne s’attarde pas, et on continue à travers le bois . nous arrivons vers un tunnel, à la croisée de chemins, d’un coté un sentier redescent, vers une autre crypte, la définitive, où 16 cercueils ont été déposés, chaque corps symbolisant un aspect du conflit : les combats de 40, la résistance, les déportations, les batailles. Et, en contrebas, une esplanade avec la croix de Lorraine.

La encore je suis saisie , mon âme communie. mais un grain de sable vient perturber cette communion, car on ne rend hommage en ce lieu qu’aux résistants d’un certain bord. Ceux réunis derrière de Gaule. Il aura fallu attendre 50 ans avant que l’on rende une place aux fusillés du Mont valérien, et encore 4 ans avant l’inauguration de la cloche. C’est ce que j’explique à mes enfants. Combien de témoins sont morts entre temps ? pourquoi avoir attendu tout ce temps ? est ce parce que beaucoup n’étaient pas français ? est ce parce que beaucoup étaient communistes ? s’ensuit un débat avec mon fils sur le fait que la France doit sa libération à de nombreux étrangers, qu’ils soient des pays de l’est,(ouvriers résistants comme mon grand père) comme du Maghreb ou d’Afrique (les tirailleurs ), pour les pauvres soldats, et d’Amérique (ceux là on a moins de mal étrangement à leur rendre hommage) , nous devons beaucoup à ces gens là, mais nous sommes si ingrat avec certain ! pendant que nous discutons de ces injustices nous avons emprunté un escalier de béton qui monte à travers bois vers le haut de la clairière des fusillés. Le silence nous atteint au moment où nous y pénétrons.

 

En contrebas, une stèle et un drapeau tricolore,  en effet il s’agit d’une clairière creusée visiblement dans la colline, un mur de pierre sellées soutient  d’un coté la colline excavée, des autres cotés la forêt  à repris ses droits. Une ombre paisible envahis le lieu, et le vent dans les branches amène sur le lieu un son de sérénité trompeuse. Je ne peux m’empêcher de me demander « quel temps faisait il ce 21 septembre là ? » et je ne sais pas non plus à quelle heure ils furent fusillés. Ils étaient 46 ce jours là. Seulement 6 poteaux d’exécutions. Cela  à du durer des heures ! chacun son tour , entendre les camarades tomber, je n’ose imaginer l’angoissante attente. D’ailleurs où attendaient ils ? dans la chapelle ? que de questions !

Je ne connais pas de prière, mais je communie avec ces hommes courageux. Ici ont été fusillés en plus de Saciek , les compagnons d’arme de Mamie, ceux de l’affiche rouge en 44. et quelques soit leur attitude devant la mort, les pensées vers leurs femme leurs enfants, leur mère, leur père, tout cela m’atteint , je le ressens en moi comme la caresse d’un fantôme planant sur le lieu. Je crois que chaque visiteur  ressent cela, car ici tout le monde chuchote. Seuls les oiseaux se permettent des sons joyeux. Et le vent fait frissonner les feuilles encore vertes . les paroles du chants des partisans est apposé sur une stèle, je ne peux entendre ni fredonner cette chanson sans sanglots, elle dit trop d’absences et de sacrifices, trop de douleurs. Mais le couplet qui dit « Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place. » me parle au plus profond de moi car je sais qu’on est venu chercher Mamie un mois tout juste après la mort de Stanislas pour prendre part au combat.

 

Nous avançons sur un chemin vers la chapelle, sous un immense  mur de meulière haut   d'au moins 10 mètres ! il cache une sorte de petit château. La chapelle abandonnée est minuscule à l’intérieur nulle croix, mais au sol, les poteaux déchiquetés, et les cercueils de bois ouvert, qui servaient à transporter les corps des fusillés pour les fosses communes des environs. Les murs ont été restaurés avec un crépis blanc, mais étrangement on a laissé des cadres de bois sur une peinture  bleue , ce bleu mat, oriental, dont on drape la vierge.  C’est en sortant que je saisie l’explication : la chapelle était couverte des graffitis des condamnés qui , au crayon de bois ou à la pointe de l'ongle ont écrit "vive la France", ou "je t'aime ma chérie" , ou encore "je meurt sans peur"... comme un dernier cri, un sursaut de dignité, un défis à la peur ! Ces mots ont été photographiés, mais la qualité est médiocre, je suis frustrée de ne pouvoir  aller y coller mon nez , chercher une trace, un mot de Stanislas ! mais nous somme retenus par une barrière de bois, j’en comprend la nécessité, l’importance de protéger ces  vestiges  émouvants, car sur le bleu du mur s’accumule en strates du désespoir  4 années  de dernières heures griffonnées. J’en frissonne.

 

 

 En face de la bâtisse,  coincé entre un talus et un autre bâtiment la cloche commémorative. Elle est très grosse, en bronze, on y a gravé les 1008 noms des fusillés de 1941 à 1944, et ajouté « à tous ceux qui n’ont pu être identifié » . nous cherchons « son » nom : Stanislas OBODA, et nous le trouvons. Il est à l’arrière, en bas de la cloche, après la date du 21 septembre 42, les noms sont classés par ordre alphabétique. Instant d’émotion, je ne peux me retenir de caresser la cloche et le gardien nous sermonne « il est interdit de toucher ! » sur le mur à coté, sont affichés quelques lettres de fusillés, celle de Manouchian à Mérimée, que je connais déjà et deux autres tout aussi émouvantes. Il y a aussi un fac-similé de l’affiche rouge. Je montre à ma fille les deux principaux compagnons de combat de mamie : Rajman et Elek. Avec eux deux, elle était leur agent de liaison, amenant sur le lieu de l’attentat armes et munitions et les récupérant après. Mais ma voix se casse, je ne vais pas plus loin dans la narration des exploit de Mamie…je ne peux pas parler d’elle en ce lieu sans ressentir  la douleur de l’absence. Alors je me tais.

 

Nous remontrons à pas lent jusqu’aux bâtiments principaux , une expo d’insignes ou de choses militaires sont visibles, mais je n’ai plus d’intérêts pour cela, je n’en ai d’ailleurs jamais eu, je suis une indécrottable antimilitariste. L’armée, les armes, la mort, rien de cela ne me parle. Je voudrais œuvrer pour la paix, l’amitié, la fraternité…je sais cela fait un peu…beatnik, peace and love … ben oui ! je suis une baba cool , éprise d’humanisme, et de bonnes intentions…ça ne m’empêche pas de poursuivre mes recherches historique sur mon grand père !

 

Nous rentrerons à la maison, peu après, et je sentirai la fatigue soudain peser sur mes yeux, comme un besoin de me replier sur mes émotions, de les digérer lentement.

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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 11:31

Le 4 mai 2009

 

Pour les non initiées et pour rafraichir la mémoire des autres, j’ai écris récemment un texte biographique sur mon grand père maternel, ancien brigadiste international de 1936 à 39, interné par la France à son retour d’Espagne dans un camp à Gurs de 1939 à 40 , dont il s’évadera. Il sera ensuite résistant contre l’occupation allemande, arrêté en février 42, et fusillé le 21 septembre 1942 au Mont Valérien parmi les 116 décidés ce jour là par la gestapo. 
 

Toujours est il qu’actuellement : Je vis une aventure dans le réel dans la continuité de ce texte , et cela me ravie.

 

 Après avoir écrit le texte sur Stanislas (mon grand père) à la demande de ma tante Laurence, pour le compte du ministère de la défense, en vu de produire une borne multimédia avec les biographies des fusillés du Mont Valérien ; j’ai eu l’idée d’envoyer mon texte à d’autres organismes comme l’amicale du camp de Gurs, ou à des sites d’anciens combattants et de résistants… A la suite de ces envois,  j’ai eu la joie d’être mise en contact avec des personnes passionnantes, qui par leur travail bénévole ou professionnel œuvrent pour que nos « héros » ne soient pas oubliés.

 

J’ai notamment eu un contact avec deux hommes dans le sud ouest, qui animent l’amical du camp de Gurs, dont un a écrit un livre sur le camp que j’avais déjà lu avidement. Et l’autre m’a proposé d’utiliser mon texte pour une exposition sur le camp, où il a été agrandi et plastifié. Plus tard, il m’a proposé de traduire un journal en polonais que je possédais, un journal écrit et ronéotypé  par les brigadistes prisonniers du camp, j’ai scanné le journal, il l’a transmis à un traducteur…j’aurais sans doute la traduction prochainement.

 

Par ailleurs, grâce à des lectures induites par de nouvelles connaissances,  j’ai aussi appris que mon grand père avait été transféré par la gestapo de la prison de la santé au fort de Romainville, et non l’inverse. Le sinistre fort était la réserve d’otages communistes et juifs pour être fusillés par mesure de représailles par les allemands. J’ai aussi lu alors, le  témoignage d’un survivant dans un  article qu’il a écrit  sur les 116 condamnés par la gestapo, 46 à Paris, et 70 à Bordeaux, tous fusillés ce 21 septembre 1942 au Mont Valérien. J’ai pu me procurer cet article et j’ai pu reconnaitre le nom de mon grand père dans la sinistre liste établie par les allemands reproduite dans les pages de ce journal.

 

J’ai aussi eu un contact avec un homme qui a beaucoup apprécié mon texte. Il a lui-même créé un site internet qui répertorie toutes les plaques commémoratives relatives à la guerre de 39/45, et cherche à retrouver l’histoire de ces hommes et de ces femmes, car  les noms seuls ne disent rien. Par contre, savoir qui ils étaient ce qu’ils ont fait, a plus d’impacte. Il fait aussi des films vidéo soit de ces héros ordinaires soit sur ceux qui œuvres à rechercher avec lui ces histoires individuelles qui comme des fourmis ont fait que la France leur doit sa libération.

 

De ce fait, il m’a proposé de faire une vidéo ou je raconterai l’histoire de mon grand père. J’ai décliné l’offre car je ne me sens pas de le faire. Mais il m’a aussi proposé son aide pour en savoir encore plus sur mon grand père car il connait pas mal de monde, des historiennes notamment qui ont accès à des documents importants et peu accessibles au grand publique….

 

Bref, j’ai l’impression d’être l’actrice d’une aventure dans le réel, c’est très plaisant !

 

Du coup, mon roman que j’avais continué d’écrire en l’alimentant de faits inventés par manque d’informations précises va devoir être revus et corrigé, car cet afflux de connaissances nouvelles me donne d’autre pistes, d’autres angles, d’autres points de vus…je suis en pleine réflexion. J’en rêve la nuit…j’en parle sans arrêt au point de saouler un peu mon entourage avec mes histoires…mais ils s’impliquent quand même et m’aident du mieux qu’ils peuvent.

 

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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 15:15

le ministère de la défense va prochainement mettre en place une borne multimédia sur le parcours des fusillés au Mont Valérien à Suresnes. j'ai eu l'honneur d'écrire cette chronique pour que la mémoire subsiste : les photos de l'article initial n'ont pas suvies le "copié collé" j'ignore pourquoi.

Stanislas OBODA est né le 23 avril 1908 à Blonie en Pologne à l’ouest de Varsovie.

 

Au début du XXeme siecle La Pologne est sous dominations étrangères entre Prusse, Autriche et Russie. Le peuple vit dans une grande misère et fuit autant qu’il peut dans d’autres pays européens voire plus loin. Le Père de Stanislas n’y échappe pas, il part en Amérique, promettant qu’à son retour il achètera un lopin de terre pour faire vivre sa femme et ses deux fils : Stanislas et Tadeusz, d’un an plus jeune. Pendant quelques temps ils recevront un peu d’argent d’Amérique, puis plus rien. La mère mourut de faim et d’épuisement, laissant ses deux enfants de 10 et 9 ans, seuls.

 

Bien plus tard, Stanislas apprendra que son père s’est remarié en Amérique.

 

Les enfants survivent en gardant des troupeaux et en faisant de menus travaux dans les fermes. Mais bien vite, ils pensent eux aussi quitter la Pologne et chercher ailleurs du travail, d’autant qu’en France on manque de bras dans les mines de charbon en particulier dans le Nord pas de Calais. C’est donc là qu’ils arrivent tous les deux.

 

 

Stanislas est un jeune homme curieux, intelligent, il apprend très vite le français, ainsi qu’à lire et à écrire; il s’initie aux valeurs de solidarité ouvrière, et lutte avec eux dans le syndicat et le Parti communiste pour de meilleurs conditions de travail.

 

En 1932, éclatent de  longues grèves, réprimées sévèrement par le gouvernement français d’alors. Les ouvriers étrangers grévistes sont tout simplement expulsés, en clair ils sont conduits hors des frontières, c’est ainsi que Stanislas arrive en Belgique.

 

Il travaillera dans les mines mais aussi sur d’autres chantiers, devenant charpentier, électricien… empruntant une fausse identité afin de rester sur le territoire belge.

 

A cette époque, et comme beaucoup d’ouvriers,  il loge dans un vieux wagon désaffecté. Il s’investit beaucoup auprès de la communauté polonaise fort nombreuse, qu’il aide du mieux qu’il peut. Son activité politique et syndicale se poursuit également activement.

 

 

 En 1936,  quand l’alliance fasciste voulue renverser la toute jeune République espagnole, des volontaires de tout pays se mobilisèrent pour combattre aux cotés des républicains espagnoles. Stanislas s’engagea dans les brigades internationales en décembre 1936  il fut recruté comme télégraphiste et participa aux fronts de Guadalajara, de Huesca, d’Aragon, de l’Extremadura, de Lérida et de L’Ebro dans les rangs de  la brigade Dombrowski constituée essentiellement de polonais. 

 


Ce que l’on sait peu, c’est que la France, avec un gouvernement du Front populaire aurait pu se porter au secours d’une République sœur ! Au lieu de ça, elle ferma les yeux et pire, quand le fascisme espagnole pris le dessus aidé en cela par l’Italie fasciste  et l’Allemagne nazie, la gendarmerie française arrêta  les brigadistes revenant d’Espagne et les  parqua dans des camps d’internement à Argeles ou à St Cyprien puis à Gurs  dans le Béarn.

 

 

 

Stanislas, à noté dans son agenda son arrivé à St Cyprien le 9 avril,  et son départ pour à Gurs le 21 avril 1939.

 

Le camp est équipé de baraques en bois qui résistent très mal aux intempéries, les conditions d’internement sont très rudes, mais les brigadistes  tous militants antifascistes et en majorité communistes s’organisent  et se disciplinent pour rendre la vie plus supportable. En particulier, un réseau d’entre aide des différentes sections communistes au niveau internationale organise l’envoi de courrier et de colis solidaires aux prisonniers.

 

C’est ainsi que Madeleine Delers fait la connaissance de Stanislas. Elle fait partie des jeunesses communistes à Bruxelles et écrit chaque semaine de longues lettres à son correspondant….qui tombera amoureux d’elle.











 

 

 

Durant l’année 1940, Stanislas s’évadera de Gurs, et partira à pied, retrouver son frère Tadeusz qui vit dans les environs de Marseille. Puis il rejoindra Paris où il retrouvera Madeleine.

 
Le 1er mai 1941
il entre dans la Résistance dans les FTP MOI (Francs Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée) grâce à ses compétences acquises en Espagne, mais aussi à Gurs  il est nommé lieutenant. Il sera chef de section, car il sait  mettre à profit son expérience pour une guerre  clandestine de  résistance  à l’occupant.

 

Il se marie le 8 septembre 41 à Puteaux, et deviens l’heureux papa d’une petite Nadja le 7 novembre 41. Nadia vient du mot polonais Nadzieja qui signifie « espoir ». Mais la vie est très dure, on ne peut pas se permettre de ne pas travailler, et cela se fait dans des conditions difficiles pour survivre. Il trouve un  emploi dans le Nord de la France et écrit à Madeleine :

« moj skorbie (mon trésor en polonais)

 Je suis beaucoup triste et malheureux car depuis jeudi je suis ici et je n’ai pas pu t’écrire ; ici il n’est pas beaucoup mieux que dans les maisons rue de Gurs. A Paris ils ont nous promis beaucoup de choses mais quand nous étions arrive ici ce n’est pas le même, ont doit payer notre pension 100francs par semaine, il y a pas beaucoup à manger 250gr de pain par jour, à midi un litre de soupe et le soir aussi. Nous dormons dans une petite baraque  fait très sale, pas d’éclairage, il doit y avoir des poux et d’autres bettes car il y a pas de l’eau pour se laver depuis que je suis parti de Paris je me suis pas encore lavé je suis très sale. Nous somme 36 dans petite baraque, …  »

 

Il est arrêté en février 1942 par la Gestapo et incarcéré à la prison de la Santé à Paris puis transféré au fort de Romainville. Torturé très certainement, il sera fusillé le 21 septembre 1942 avec 46 autres camarades à Suresnes au Mont Valérien et 66 autres  à Bordeaux. C’est la réponse des SS aux « attentats » perpétrés contre eux depuis le 11 aout : fusiller des otages parmi les prisonniers « terroristes » et de préférences des  communistes.

 

 

Comme dans le chant des partisans de J Kessel et Druon « Ami, si tu tombes un ami sort
 de l'ombre à ta place » on  est venu chercher Madeleine pour prendre sa place  dans les FTP MOI.  A cette époque on a besoin d’agents de liaison qui puissent passer inaperçu dans les rues de Paris et d’ailleurs, car la Gestapo et la Gendarmerie française contrôlent surtout les hommes, si bien qu’une femme poussant un landau n’éveille absolument pas l’attention. Madeleine utilisera donc ce moyen (voir photo) pour transporter des explosifs, des grenades, des révolvers ou des documents. Elle à rendez vous sur le lieu de l’attentat, les armes sont cachées dans le landau sous le plancher où dort sa fille.

Un jeune homme s’approche d’elle, se penche pour embrasser le bébé et prend l’arme. L’attentat antinazi terminé, le même manège se rejoue quelques rues plus loin pour récupérer les armes.  Ses deux compagnons de combat sont RAYMAN et ELEK, du groupe MANOUCHIAN de l’affiche rouge.

 

 

 

Elle ne sera jamais soupçonnée,  c’est pourquoi elle échappera à la rafle qui décima le groupe en 1944 et donna lieu à l’édition de cette fameuse Affiche rouge censée faire peur aux passants. Elle fut connue sous les noms de guerre : Marie, puis Catherine. Elle poursuivi son activité dans la Résistance même après la fusillade de ses compagnons et participa à la libération de Dijon.



Ainsi vécurent mes grands-parents.

 

Petite fille de Stanislas et Madeleine OBODA

 

 

Les photos sont toutes des photos de famille, sauf celle du camp de Gurs (vue générale) tirée du livre de Claude LAHARI GURS 1939-1945 (édition atlantica 2005)

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 15:23

 

 

 

 

 



 

GURS ,

un camp de rétention construit en 24 jours pour enfermer (déjà !) les étrangers « indésirables » venus se réfugier en France.

En aout 36, l’Allemagne nazie ainsi que l’Italie fasciste, intervenaient toutes deux activement en Espagne pour soutenir le putsch de franco contre la république Espagnole, malgré les accords de non intervention.  La passivité des autres pays démocratique contre cette agression révoltait les antifascistes du monde entier, et le 1er octobre 36, un premier bataillon de

 

volontaire formait les première Brigades Internationales. Dont mon grand père Stanislas, dont j’ai déjà parlé ici. Il fit parti de la Brigade Dombrowski, constitué pour un grande part de polonais, de tchèques et de hongrois.

 

Après la défaite de la république espagnole face à une coalition fasciste, une vague continue de réfugiés espagnoles passait la frontière, ainsi que les brigadistes démobilisés, mais la France restée non interventionniste pendant la guerre , se préoccupa de cet afflux de « rouges » arrivant en nombre sur son territoire et mis en place des « camps » de rétentions, pour tous ces gens.

Il y en eut plusieurs dans le sud de la France. Celui qui m’intéresse est le camp de Gurs dans le Béarn.

 

J’avais entendu dans mon enfance parlé de ce camps sans bien en comprendre le sens, je savais que mon grand père y avait séjourné, qu’il s’en était évadé…peu de choses,

 

je connais une photographie de lui, ou il allume une cigarette et derrière lui on voit très nettement des barbelés…

 

et j’ai un petit journal ronéotypé de poésies je crois , car c’est écrit en polonais, daté de 1939 dont la couverture  est « za drutami kolczastymi, Gurs , oboz koncentracyjny. » et c’est suivi de 30 pages de récits ou de poésies en polonais. Un document surement très précieux du point de vu historique.

 

J’ai aussi en ma possession son agenda de poche de 1939, où je reconnais son écriture sur des adresses qu’il a inscrites en dernières pages, des adresses en Belgique, à Paris, en Espagne, à Toronto au canada, en Pologne…qui sont ces gens ? Surement des compagnons d’armes, des prisonniers comme lui.

 

J’ai acheté récemment un petit livre sur Gurs : Claude LAHARIE GURS : 1939-1945, un camp d’internement en Béarn. Ed Atlantica. je l'ai lu ce week end;

 

Et j’ai découvert l’ampleur du camp et son horreur, les conditions de vie y était affreuses, une gadoue marécageuse dès qu’il pleuvait et surtout un camp immense ! (voir la photo ci dessus)

 

 

 

J’ai appris que les prisonniers étaient regroupés en îlots en fonctions de leurs statuts et de leurs nationalités, et donc que les brigadistes étaient dans les îlots G H I et J

 

Je me suis mieux représenté les conditions de vie,  et les difficultés…

 

et dans l' agenda de mon grand père que je comprend mieux maintenant  à la lumière de ce que j'ai lu, figures quelques notes prises à des dates qui ne semblent pas être prises au hasard, le dimanche 9 avril 1939 est écrit «brat byt u muig w obozie St Cyprien »  puis  le 21 avril, « wyjechalismy  z obozu St Cyprien » ce que je crois comprendre comme étant une première étape dans son parcours de prisonnier  à Saint cyprien, car il existait un camps de rétention sur les plages de Saint Cyprien, sur l’agenda , à la date suivante , le samedi 22avril 39 est écrit « przybylido obozu Gurs » obozu doit être le mot pour camp.

Peut être mon amie  Eva pourra-t-elle m’aider  dans la traduction?

 

J’apprends, et chaque élément nouveau reconstruit le puzzle d’une vie, celle de mon grand père.

J’en suis ravie et émue tout à la fois.

 

 

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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 10:16

 

 

 

il y avait dans les affaires de ma mère, une petite boite en fer, comme on en faisait dans le temps pour contenir le sucre. elle est décorée d'image de chien aux couleurs criardes, un petit verrou encore en fonctionnement pour seller le couvercle.

je n'y avait pas prèté grande attention , je l'avais emballé parmis d'autres reliques de ma mère quand nous avions déménagés...et rangé dans un placard fourre tout.

jusqu'à ce que ce placard ait besoin d'être vidé pour attribuer la chambre à ma fille. à l'occasion j'ai rempli des sacs poubelles de vieilleries sans importance...et je remettais la main sur cette boite, perchée en haut de mon escabeau,.

j'ouvrais la boite  comme une boite à trésor...et je fut surprise de découvrir non seulement des lettres de ma grands mère à son beau frère (le frère de son mari) mais aussi des photos de ma mère de sa naissances à l'adolescence, des lettres en polonais, et en français...et parmis toutes ces précieuses reliques deux cartes l'une datant de l'hivers 41 annonçant la naissance de ma mère, et l'autre de l'automne 42, annonçant la mort de Stanislas (mon grand père) fusillé le 21 septembre 42, parmis d'autres otages au Mont Valérien.

ce jour là , les SS , pour réprimer les "attentats" qui depuis le 11 aout précédents avaient tués ou bléssés 41 personnes (des ss ou des collabo) décidèrent de frapper fort et de fusiller 116 otages parmis les prisonniers arrêté les mois précédents pour leurs activités communistes et/ou terroristes (résistantes)

66 sont fusillés à Bordeaux et 46 au mont Valérien

Mon grand père , jeune papa heureux , ancien brigadiste en espagne, communiste et résistant fut de ceux là.

bien sur je connaissait la date, le lieu, mais c'est autre chose que de lire la lettre déchirante d'une jeune femme à qui l'on apprend brutalement la mort de son époux bien aimé.

je serais dimanche au Mont valérien, devant la cloche des fusillés ôù est gravé son nom:

Stanislas OBODA

il fut charpentier, electricien, mineur...c'était un bel homme, plein de charmes. il étaient venus en france puis en belgique , avec son frère pour travailler dans les mines, poussé par la misère qu'ils vivaient là bas. leur père était parti en amérique faire fortune, en oubliant de soutenir ses enfants et sa femme, qui mourrut de faim et d'épuisement alors que les garçons n'étaient encore que des enfants. ils ont gardé des troupeaux, et quand vint l'adolescence, ils ramassèrent leurs pauvres affaires et partir travailler dans les mines françaises.

Stanislas étaient un homme intelligent, il apprenait vite, et ne se contentait pas de seulement travailler, il s'informait, militant pour de meilleurs conditions de travail, apprenant le français. c'est à la suite de grèves que les travailleurs étranger furent proprement virés de France pour activité syndicales! ( il y a parfois des gens en france qui aimeraient pouvoir avoir encore recours à ce genre de methodes n'est ce pas?) c'est ainsi qu'il se trouva à travailler dans les mines belges, et à continuer son activité syndicale et communiste. quand l'alliance fashiste voulu renverser la toute nouvelle république espagnole, des volontaires de tous pays (beaucoup de communistes et d'anarchistes) se mobilisèrent pour venir combattre le fashisme aux coté des républicains. il en fut (et mon autre grand père aussi!...nous ne saurons jamais s'ils se sont rencontré là bas...) ce que l'on sait peu , c'est que la france avec un gouvernement du front populaire aurait du se poser comme défensseuse d'une république soeur! mais au lieu de ça, quand le fashisme espagnole prit le dessus, les brigadistes, en revenant en France furent parqués dans des camps (on ne disait pas de concentration encore à l'époque!, mais c'était tout comme) et surtout les  "étrangers"!!! à Argeles, et à Gurs (mon grand père fut dans ce dernier)

existait une solidarité des communistes entre eux, et que les jeunes filles  d'une section belge furent solicitées pour écrirent aux prisonniers, leur envoyer des colis... c'est ainsi que débute l'histoire de la rencontre de mes grand parents...

elle, Madeleine, avait une correspondance avec un autre brigadiste au début, (chacune avait son correspondant) elle écrivait de gentilles lettres que son correspondant lisait à tous, car elle , au moins , écrivait souvent, contrairement à d'autres. puis un jour elle envoya une photo, qui fit le tour du camp et tomba dans les mains de Stannislas . il avait déjà une petite idée de cette gentille jeune fille à travers les lettres qu'elle écrivait à son copain, et qu'il attendait avidement comme si elle lui étaient adressées, mais en voyant sa photo...
il tomba amoureux, et supplia son ami de lui permettre d'écrire lui aussi à cette belle jeune femme. ma grand mère accueilli cette demande avec joie, et au fil des correspondances, elle aussi tomba amoureuse. une amie commune Dina, qui était journaliste  photographe polonaise pris des photo de l'un et de l'autre.elle fit le lien aussi , et quand enfin il pu regagner la belgique, les deux tourtereaux se rencontrèrent enfin, sans que cela n'égratigne leur amour naissant.

c'est cette belle histoire qui inspire mon roman, sur fond de résistance, on est en 1939 au début de l'histoire qui se termine brutalement en 42 pour mon grand père, mais se poursuit jusqu'en 45 pour ma grand mère.

bonne journée!







 

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