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Stanislas OBODA est né le 23 avril 1908 à Blonie en Pologne à l’ouest de Varsovie.

 

Au début du XXe siècle La Pologne est sous dominations étrangères entre Prusse, Autriche et Russie. Le peuple vit dans une grande misère et fuit autant qu’il peut dans d’autres pays européens voire plus loin. Le Père de Stanislas n’y échappe pas, il part en Amérique, promettant qu’à son retour il achètera un lopin de terre pour faire vivre sa femme et ses deux fils : Stanislas et Tadeusz, d’un an plus jeune. Pendant quelques temps ils recevront un peu d’argent d’Amérique, puis plus rien. La mère mourut de faim et d’épuisement, laissant ses deux enfants de 10 et 9 ans seuls.

 

Bien plus tard, Stanislas apprendra que son père s’est remarié en Amérique.

 

Les enfants survivent en gardant des troupeaux et en faisant de menus travaux dans les fermes. Mais bien vite, ils pensent eux aussi quitter la Pologne et chercher ailleurs du travail, d’autant qu’en France on manque de bras dans les mines de charbon d’aquitaine. C’est donc là qu’ils arrivent tous les deux, à l’âge de 14 et 13 ans.

 

 

Num-riser0002.jpgStanislas est un jeune homme curieux, intelligent, il apprend très vite le français, ainsi qu’à lire et à écrire, il s’initie aux valeurs de solidarité ouvrière, et lutte avec eux dans le syndicat et le parti communiste pour de meilleures conditions de travail.

 

En 1932, éclatent de  longues grèves, réprimées sévèrement par le gouvernement français d’alors. Les ouvriers étrangers grévistes sont tout simplement expulsés, en clair ils sont conduit hors des frontières, c’est ainsi que Stanislas arrive en Belgique.

 

Il travaillera dans les mines mais aussi sur d’autres chantiers, devenant charpentier, électricien… empruntant une fausse identité afin de rester sur le territoire belge.

 

A cette époque, et comme beaucoup d’ouvriers,  il loge dans un vieux wagon désaffecté. Il s’investi beaucoup auprès de la communauté polonaise fort nombreuse, qu’il aide du mieux qu’il peut. Son activité politique et syndicale se poursuit également activement.

 

 

 Numeriser0007-copie-1.jpgEn 1936, quand l’alliance fasciste voulue renverser la toute jeune république espagnole, des volontaires de tout pays se mobilisèrent pour combattre aux cotés des républicains espagnoles. Stanislas s’engagea dans les brigades internationales en décembre 1936  il fut recruté comme télégraphiste et participa aux fronts de Guadalajara, de Huesca, d’Aragon, de l’Extremadura, de Lérida et de L’Ebro dans les rangs de  la brigade Dombrowski constituée essentiellement de polonais. 

 

Ce que l’on sait peu, c’est que la France, avec un gouvernement du FrontNum-riser0001.jpg populaire aurait pu se porter au secours d’une république sœur ! Au lieu de ça, elle ferma les yeux et pire, quand le franquisme espagnole pris le dessus aidé en cela par l’Italie fasciste  et l’Allemagne nazie, la gendarmerie française arrêta  les brigadistes revenant d’Espagne et les  parqua dans des camps d’internement à Argeles ou à St Cyprien puis à Gurs  dans le Béarn.

 

 

 

Stanislas, a noté dans son agenda 1939 son arrivée à St Cyprien le 9 avril,  et son départ pour  Gurs le 21 avril .

 

Num-riser0030.jpgLe camp est équipé de baraques en bois qui résistent très mal aux intempéries, les conditions d’internement sont très rudes, mais les brigadistes  tous militants antifascistes et en majorité communistes s’organisent  et se disciplinent pour rendre la vie plus supportable. En particulier, un réseau d’entre aide des différentes sections communistes au niveau internationale organise l’envoie de courrier et de colis solidaires aux prisonniers.

 

C’est ainsi que Madeleine Delers fait la connaissance de Stanislas. Elle fait partie des jeunessesmamie-20-ans.jpg communistes à Bruxelles et écrit chaque semaine de longues lettres à son correspondant….qui tombera amoureux d’elle.

 

 

 

Durant l’année 1940, Stanislas s’évadera de Gurs, et partira à pied, retrouver son frère Tadeusz qui vit dans les environs de Marseille. Puis il rejoindra Paris où il retrouvera Madeleine.

 

Le 1er mai 1941 il entre dans la Résistance dans les rangs de ce qui deviendra les FTP MOI (Francs Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée). Grâce à ses compétences acquises en Espagne, mais aussi à Gurs  il est nommé lieutenant, il sera chef de section car il sait les mettre à profit pour une guerre  clandestine de  résistance  à l’occupant.

 

Il se marie le 8 septembre 41 à Puteaux, et deviens l’heureux papa d’une petite Nadja le 7 novembre 41. Nadia vient du mot polonais Nadziezda qui signifie « espoir ». Mais la vie est très dure, on ne peut pas se permettre de ne pas travailler, et celui-ci se fait dans des conditions difficiles pour survivre. Il trouve un  emploi dans le Nord de la France et écrit à Madeleine :

« moj skorbie (mon bijou en polonais)

 Je suis beaucoup triste et malheureux car depuis jeudi je suis ici et je n’ai pas pu t’écrire ; ici il n’est pas beaucoup mieux que dans les maisons rue de Gurs. A Paris ils ont nous promis beaucoup de choses mais quand nous étions arrive ici ce n’est pas le même, ont doit payer notre pension 100francs par semaine, il y a pas beaucoup à manger 250gr de pain par jour, à midi un litre de soupe et le soir aussi. Nous dormons dans une petite baraque  fait très sale, pas d’éclairage, il doit y avoir des poux et d’autres bettes car il y a pas de l’eau pour se laver depuis que je suis parti de Paris je me suis pas encore lavé je suis très sale. Nous somme 36 dans petite baraque, …  »

 

Il est arrêté en février 1942 par la gestapo et incarcéré à la prison de la Santé à Paris puis transféré au fort de Romainville. Torturé très certainement, il sera fusillé le 21 septembre 1942 avec 46 autres camarades à Suresnes au Mont Valérien et 70 autres  à Bordeaux. C’est la réponse des SS aux « attentats » perpétrés contre eux depuis le 11 aout : fusiller des otages parmi les prisonniers « terroristes » et de préférences des  communistes.

 

 

Comme dans le chant des partisans de J Kessel et Druon « Ami, si tuNum-riser0005.jpg tombes un ami sort de l'ombre à ta place » on  est venu chercher Madeleine pour prendre sa place  dans les FTP MOI.  A cette époque on a besoin d’agents de liaison qui puissent passer inaperçu dans les rues de Paris et d’ailleurs, car la gestapo et la gendarmerie française contrôle surtout les hommes, si bien qu’une femme poussant un landau n’éveille absolument pas l’attention. Madeleine utilisera donc ce moyen (voir photo) pour transporter des explosifs, des grenades, des révolvers ou des documents. Elle à rendez vous sur le lieu de l’attentat, les armes sont cachées dans le landau sous le plancher où dors sa fille, un jeune homme s’approche d’elle, se penche pour embrasser le bébé et prend l’arme. L’attentat antinazi terminé, le même manège se rejoue quelques rues plus loin pour récupérer les armes.  Ses deux compagnons de combat sont RAYMAN et ELEC, du groupe MANOUCHIAN de l’affiche rouge.

 

 

 

Elle ne sera jamais soupçonnée c’est pourquoi elle échappera à la rafle qui décima le groupe en novembre 1943 et donna lieu à l’édition de cette fameuse affiche rouge censée faire peur aux passants. Elle fut connue sous les noms de guerre : Marie, puis Catherine. Elle poursuivi son activité dans la Résistance même après la fusillade de ses compagnons et participa à la libération de Dijon.



Ainsi vécurent mes grands-parents.Num-riser0005-copie-1.jpg

 

petite fille de Stanislas et Madeleine OBODA

 

 

Les photos sont toutes des photos de famille, sauf celle du camp de Gurs (vue générale) tirée du livre de Claude LAHARI GURS 1939-1945 (édition atlantica 2005)

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