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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 08:58

avertissement au lecteur:

Maroussia est la naratrice du roman, évidemment, elle me ressemble un peu...

Mamio, est la grand-mère de Maroussia, et aussi, bien sûre, la mienne! celle dont je parle beaucoup ici!

 

souvenirs d'enfance de Maroussia et Madeleine 

7427 101166599903931 100000317755469 31446 720325 sJe dois avoir 8 ou 10 ans peut-être. Je suis seule, chez Mamio.  J’adore avoir Mamio pour moi toute seule.  Je suis pour le moment, sa seule petite-fille, et mon frère son seul petit-fils. Dans mon souvenir, il n’est pas là.  Je profite donc de ma grand-mère adorée, sans concurrence. Et elle me chouchoute. C’est délicieusement bon.

Nous sortons beaucoup, elle m’emmène partout. Au théâtre, à l’opéra Garnier voir un spectacle de danse classique ! Des expos de peinture aussi, le Louvre, que nous ne visitons que partiellement, car elle choisit les salles où elle veut me montrer des œuvres, et elle m’explique l’histoire du peintre, de l’œuvre, sa technique… ses connaissances sont telle et ses explications si passionnantes, que je repère des gens, qui petit à petits tendent l’oreille et nous suivent devant les tableaux qu’elle a choisi.  Je suis aux anges. Si fière d’avoir Mamio comme grand-mère.

Nous parlons beaucoup toutes les deux, et c’est extraordinaire d’avoir une grand-mère qui s’intéresse comme cela à mes soucis d’enfants. Elle me raconte ses souvenirs d’enfant avec son grand frère, ses tentatives pour attirer l’attention de son père, pathétiquement absorbé par son travail, et si distrait dans la vie quotidienne. Et les disputes de ses parents. Bref, nous échangeons, et je me sens comprise, à l’égal d’elle. Il y a peu de grandes personnes comme elle dans mon entourage. Alors j’adore venir la voir. Nous habitons loin, ces visites sont rares. Alors je les vie à 200%.

Un jour, nous allons au marché. Elle habite Drancy. Dans un immeuble HLM, depuis les années 50, en face du parc.  Le centre-ville n’est pas encore détruit, il y a encore un square, une place de la mairie ombragée l’été, des ruelles pleines de petits commerces dont l’épicerie du Père Noël… en fait l’épicier est un grand monsieur avec une longue barbe blanche. Bien sûre, je ne crois plus à ces choses-là, mais comme nous passions régulièrement devant sa boutique, pour aller à l’école maternelle, quand nous habitions à Drancy, mon frère et moi étions persuadé que c’était lui, le père Noël.  Drancy est encore un village.

Madeleine connait tout le monde. Enfin plutôt, tout le monde la connait dans Drancy. Ça me ravit aussi beaucoup. Mais ce qui est étonnant, c’est que certain l’appelle Mado (diminutif qu’elle déteste d’ailleurs) et d’autre Catherine.

Après une rencontre dans la rue avec deux personnes qui l’on appelé l’un Mado et l’autre Catherine, je demande à Mamio :

Pourquoi il t’a appelé Catherine le Monsieur ?

C’était mon nom de guerre, ma chérie.

C’est quoi un nom de guerre ?

C’est un surnom qu’on te donne, pendant la guerre, pour que personne ne sache qui tu es en vrai. C’est un nom qui te protège.

Moi c’est mon deuxième prénom ! dis-je fièrement

Je sais ma chérie, c’est un beau prénom, c’est celui de la liberté, de la solidarité, de la fraternité pour moi.

Alors on est jumelle ? elle éclate de rire.

Nous aurons bien d’autres occasions de parler de ce prénom, dont je sens qu’il prend un sens particulier pour elle, un jour, elle me dira qu’il vaut toutes les médailles de la terre. Parce qu’il a pris le goût acide du sang, du sacrifice, mais aussi celui du frisson du risque, celui surtout  des liens fraternels entre les combattants,  elle y met tout ça. Et ça m’impressionne. Il faut donc être à la hauteur pour porter ce prénom. Elle me raconte, parfois, des actions qu’elle a commises avec ses compagnons d’armes. Je la soupçonne maintenant, de les avoir élagué des risques et des dangers, pour ne pas m’effrayer. Je la vois comme une héroïne, avec mes yeux d’enfant. Je l’imagine, les armes à la main, faire dérailler des trains à elle toute seule.

Je ne saurais que bien plus tard, qu’avant Catherine, il y a eu Marie.  Celui-ci est peut-être bien plus douloureux pour elle,  et que mon prénom Maroussia en est le diminutif… C’est celui d’avant l’Affiche Rouge, celui de son entrée dans les FTP MOI. Elle a raconté  comment il avait été pris. On l’a présenté à BOSCOV, un roumain qui dirigeait les brigades spéciales chargé des déraillements. Il lui a dit de trouver un pseudonyme. Elle voulait un prénom qui lui rappelle son mari chéri, fusillé, alors elle dit :

 « Stanistsa »,  Boscov a éclaté de rire

Tu ne peux pas t’appeler comme ça

Pourquoi ?

Parce que ça veut dire « gare » en russe,

Bon, alors …  je peux m’appeler « Marie » ?

D’accord pour Marie.

 

 

 

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