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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 13:55

Chaque rentrée scolaire de mes enfants, me renvoie à mes rentrées à moi, au lycée ou au collège, sources d’angoisses et d’excitation mêlées. Entre le plaisir d’ouvrir des cahiers neufs, qui donnent envie d’écrire dessus, des stylos au glissé souple et nouveau, des encres que je choisissais avec soin afin de créer ma surprise, ma différence. Une année violette, puis turquoise, ou noire, le bleu roi étant tellement commun…et l’angoisse sourde de ne pas être à la hauteur, de décevoir encore et toujours mes parents de ne pas briller, de torturer la langue française avec mon orthographe désastreuse.

  Par ailleurs, et pour rajouter à mes complexes, je n’ai jamais habité un corps exceptionnel, plutôt boulotte, pas très en phase avec les us et coutumes de mes congénères du point de vu de la mode ou des fringues, il fallait bien que je me crée un univers à moi. Eprise déjà de multi-ethnisme, j’avais déjà un goût pour les bijoux provenant d’artisanats exotiques, j’ai toujours aimé la couleur, la chaleur des rouges, le mélange des tons…alors je me distinguais de l’ « uniforme » jean /baskettes de l’époque par des jupes fleuries, à volant, des blouses indiennes, des fushias jusqu’à l’excès. Je fabriquais ce que je ne trouvais pas, qu’il s’agisse de vêtements ou de bijoux, jusqu’à mes sacs de cours.

Je me distinguais également par mon inséparable complice que constituait ma guitare. Je la trainais partout, encombrante et lourde elle avait le génie de lisser les journées tristes, de rendre du sonore au silence, d’accompagner mon humeur changeante. Mes cahiers de chants se noircissaient de textes empruntés à de nombreuses sources : Jean Ferrat, Anne Sylvestre, Renaud… ou des chants populaires à plusieurs voix, un délice que j’adorais partager avec ma mère.

Malgré une mise joviale, un abord facile et souriant, j’étais très mal à l’aise avec mon corps, ma peau en générale. J’avais souvent l’impression d’être décalée en regard des autres, plus minces, plus beaux, plus futiles que moi. Pour moi, le monde souffrait et je ressentais une empathie avec les autres qui me laissait souvent démunie. Mes propres angoisses n’étaient elles jamais entendues, je ne représentais pas d’intérêts pour le reste du monde. En tout cas c’est ainsi que je me percevais.

Chaque nouvelle année il fallait reconstituer sa carapace, reconstruire une personnalité qui convienne au contexte, tout en cultivant ce petit rien qui me distinguerait des autres. Difficile compromis, entre l’envie de connaitre chacun dans son altérité, et mon envie de me confondre avec un groupe, d’entrer dans les bandes unies qui me semblaient si attirantes, si sécurisantes. Mais mon altruisme me poussait à rencontrer tout un chacun dans son altérité, sans exclusion si possible. Seuls ceux qui me méprisaient avaient mon mépris en retour. Si non, que l’on soit blanc ou noir, riche ou pauvre, fort ou faible, chacun avait sa richesse propre à entendre et écouter. Est-il si étonnant que je sois devenue psy ?? Ainsi, en me coulant d’un groupe à l’autre, en fréquentant une diversité je n’appartenais à personne et j’étais amies, ou plutôt copine de tous.

Hormis quelques amies fidèle en mon cœur ou dans la durée, je n’ai pas appartenu à une bande de copines inséparable. J’en ai longtemps eu une certaine nostalgie virtuelle, comme si il m’avait manqué de vivre ça ! Dois-je le regretter aujourd’hui ? Peut être pas. Au fond ce que je vivais me caractérise si bien. Une liberté de penser, une autonomie d’existence, même si à l’épreuve de la vie il a fallu lutter pour ne pas se laisser étouffer.

 

 

 

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commentaires

E
<br /> <br /> Chère Nadianne, je t'aime comme tu es et avec le charme de tes différences d'avec tes contemporains. Je t'embrasse de tout coeur. Elisabeth.<br /> <br /> <br /> <br />
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